Magali et la Brouette : le patrimoine transmis « en vrac »

C’est en suivant le LEB direction Prilly sur l’Avenue d’Echallens à Lausanne, que vous apercevrez sa chaleureuse vitrine. Sans être bien curieux, impossible de résister à un coup d’œil sur ce qui se passe dans cette épicerie, au nom réjouissant de « La Brouette ».

Une fois passée la porte, vous tomberez immanquablement sur Magali ou Géraldine, les deux gérantes de cette Coopérative durable.

C’est Magali qui aujourd’hui nous accueille, sourire radieux, et nous raconte l’histoire de la coopérative et la sienne. « La Brouette était le nom du train de marchandises qui venait à Lausanne chargé de produits agricoles pour nourrir la ville. Maintenant c’est le LEB qui passe, mais c’était un joli clin d’œil à ce train de reprendre son nom, car on a finalement la même fonction : on propose au quartier des produits biologiques, en vrac, des agriculteurs et artisans locaux. »

« Avec la Brouette, je savais que j’avais trouvé un projet qui me permettrait d’allier mes convictions personnelles avec un emploi. » 

Magali enchaîne sur ce qui l’a menée à revêtir ce tablier de gérante d’épicerie. Elle est diplômée d’histoire de l’Art, spécialisée dans l’architecture et du patrimoine suisse. Durant ses études, se souvient-elle, elle occupe un job alimentaire dans la grande distribution. « Je savais bien que c’était loin de mes convictions, mais c’était néanmoins formateur et il faut bien se débrouiller quand on est étudiant. »

Malgré tout, « le » job taillé sur mesure ne se fait pas trop attendre. « J’étais en train de finir mes études quand j’ai vu que le Comité de la Brouette recrutait une nouvelle gérante. J’avais suivi l’histoire du projet depuis le début. Alors j’ai pris ma plus belle plume et je leur ai écrit une sorte de nouvelle sur mes expériences professionnelles et personnelles pour leur montrer que tout me menait à la Brouette. Je savais que j’avais trouvé un projet qui me permettrait d’allier mes convictions personnelles avec un emploi. Je me souviens très bien de cette journée de fin 2017, où il faisait tout gris. »

Loin d’être un mauvais présage, son énergie et sa sincérité font mouche, et elle revêt vite le rôle de gérante. « Je suis engagée depuis des années en politique et j’aime être force de proposition. Ce que je préfère, c’est le lien avec les agriculteurs, trouver de nouveaux produits. J’adore la relation avec les clients à l’épicerie : expliquer d’où viennent les produits, comment ils ont été conçus. »

« La Coopérative défend un projet et une vision qui va au-delà de la vente de denrées alimentaires. »

La Brouette, Lausanne

Navigant entre silos de pâtes de la ferme du Cerisier (Lignères) et lentilles de Jaggi (Coisins), on en apprend plus sur les débuts de la Coopérative. En 2016, neuf copains font le constat qu’on ne sait pas trop bien ce que l’on met dans nos assiettes ni d’où les aliments proviennent (quand même souvent de très loin).

C’est pour répondre à cette envie de savoir ce que l’on mange tout en limitant notre empreinte écologique qu’est née l’idée d’une épicerie réunissant trois incontournables : local, biologique et en vrac. Des laitages, à la farine en passant par les huiles. Sachez-le, pot et sac personnels sont de mise si vous ne voulez pas ressortir bredouille (on vous le dit quand même, les gérantes sont sympas et vous dépanneront toujours d’un petit contenant).

Aussi savoureuses soient-elles, la Coopérative défend un projet et une vision qui va au-delà de la vente de denrées alimentaires. Elle vise à créer du lien entre une communauté de consommateurs, les coopérateurs, et les producteurs locaux. La finalité étant de favoriser l’économie locale et une agriculture respectueuse de la terre, de ceux qui la travaillent et de notre santé. La Coopérative est d’ailleurs transparente sur les marges (70% pour les producteurs et 30% pour les frais de fonctionnement de la Coopérative). La Brouette serait donc le premier projet de la Coopérative, mais d’autres projets s’inscrivant dans cette vision sont susceptibles de voir le jour (en 2018 est d’ailleurs né le Grenier, qui livre les restaurateurs de Lausanne suivant les mêmes principes).

« Depuis quatre ans on a beaucoup développé l’offre de produits, on a remboursé nos emprunts dans les temps […] on a prouvé que le projet était fiable et solide. »

Tournée des producteurs de la Brouette

Qui dit Coopérative dit coopérateurs : ils sont au nombre de 120 à la Brouette. « C’est l’une de mes plus belles fiertés depuis que je travaille ici, le nombre de coopérateurs a été multiplié par trois en deux ans et demi » se réjouit Magali. Bien que vous puissiez acheter à l’épicerie sans être coopérateur, ces derniers s’investissent dans le projet au-delà de leurs achats : « Les coopérateurs disposent d’une part sociale  – détaille la gérante – d’une cotisation annuelle et donnent trois heures de leur temps pour l’épicerie par mois. Les tâches à effectuer sont variées : présence à l’épicerie, tournée chez les producteurs, communication. En échange de cet investissement ils disposent d’une voix à l’Assemblée Générale annuelle, qui prend notamment des décisions sur des projets de développement, d’allocation du budget, et ont une réduction de 20% sur les produits de l’épicerie. »

Assemblée Générale avec l'ensemble des Coopérateurs de la Brouette

 

Pour Magali, 2021 sera une année charnière pour le développement du projet. « Depuis quatre ans on a beaucoup développé l’offre de produits, on s’est aussi étendu aux produits ménagers et cosmétiques, on a remboursé nos emprunts dans les temps. On a prouvé que le projet était fiable et solide… mais maintenant on a plus de place dans l’épicerie, il va falloir qu’on réfléchisse à la suite, est-ce qu’on ouvre une seconde épicerie ou pas par exemple ? »

Et pour elle ? « C’est vrai que j’aime la vie à la campagne – sourit-elle – c’est tout bête mais cet été j’ai fait un tour en vélo dans les champs et j’étais la plus heureuse. Un projet de vie en communauté dans un éco-lieu me fait rêver. »

Néanmoins sa vie est à Lausanne pour le moment. « Quand je suis arrivée ici après avoir grandi dans le Gros-de-Vaud, je tenais à défendre en ville les valeurs qu’on m’avait inculquées à la campagne, et tout ce qui me tenait à cœur dans la vie : la nature, l’écologie, le lien avec la terre. Ce sont nos origines. Et pour cela je suis complètement en continuité avec mes études : avec la Brouette, je veux valoriser et transmettre tout cela. À l’épicerie quand je parle des produits, c’est comme une visite du patrimoine ! » La boucle est bouclée.

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